Au fin fond des banlieues, là où la nature n’est plus qu’un souvenir, l’ortie campe parmi les décombres. La grande ortie est une plante vivace de la famille des urticacées de 0,50 à 1,50 m de haut aux tiges non ramifiées. Ses feuilles sont pourvues d’aiguilles. Au moindre contact, ces pointes se brisent et laissent échapper un liquide urticant.
Cette plante, à la réputation funeste, n’a pas toujours eu mauvaise presse. Elle égayait les tristes plats de fin de mars de nos aïeux et les paysans l’utilisaient souvent pour panser leurs maux. Les propriétés médicales de l’ortie sont vantées depuis la nuit des temps. La pratique de la flagellation thérapeutique avec les tiges d’orties remonte à l’antiquité. Discoride, grande figure de la médecine grecque antique, la considérait comme un puissant aphrodisiaque. Une décoction d’orties et de raisins secs dans du vin donnait selon lui d’excellents résultats. Mélangées dans du miel, les graines sont pectorales. Les décoctions de feuilles sont laxatives et favorisent le cycle menstruel. Il conseillait également les cataplasmes de feuilles écrasées contre les morsures rabiques, les plaies gangréneuses, les ulcères, les suppurations et l’aménorrhée. Il utilisait déjà son suc contre les saignements de nez. Ovide, dans son Art d’aimer, donne la recette d’un philtre d’amour dans lequel il met une pincée de graines d’orties. Les jeunes pousses faisaient partie des « cures de printemps », jadis si populaires et il fut même une époque où l’infusion était fort appréciée dans les salons mondains.
Les fabuleuses vertus de l’ortie
Toutes les parties de l’ortie (semences, feuilles, fleurs, tige, racines) ont des vertus médicinales. La partie aérienne est riche en fer, silicium, calcium, chlore, magnésium, manganèse, potassium, soufre et zinc. L’ortie a des propriétés reminéralisantes et reconstituantes. Diurétique et dépurative, elle a une action antirhumatismale et antigoutteuse. L’ortie s’avère particulièrement efficace dans les cas d’anémie et d’artériosclérose. On l’utilise pour traiter les entorses, les élongations musculaires, la sciatique, les hémorroïdes et l’acné. Elle est reconnue combattre l’asthme, le rhume des foins et les allergies. Favorisant la sécrétion lactée, l’ortie est recommandée aux femmes qui allaitent et est conseillée pour les ongles cassants et la chute de cheveux.
Contre-indications :
- Œdème
- Grossesse (l’ortie aurait un effet abortif)
- Possibles interactions avec les plantes à effet hypoglycémiant, hypotenseur, anti-inflammatoire ou sédatif.
Pharmacopée familiale
Les jeunes pousses d’orties sont délicieuses en potage ou préparées comme des épinards.
Outre la poudre totale sèche en gélules (de préférence cryobroyée) et l’extrait sec sous forme de nébulisat en gélules aussi, vendus en pharmacie et dans les magasins diététiques, l’ortie peut être prise sous plusieurs formes.
Décoction :
- Faire bouillir 20 mn, 100 g de tiges feuillues séchées dans 1l d’eau. Filtrer. (usage externe : phanères).
- Faire bouillir 10 mn une poignée de racines coupées dans 1l d’eau . Filtrer. Boire en deux jours (goutte).
Feuilles fraîches :
- Envelopper dans un gant et appliquer 30 secondes sur la partie douloureuse (douleurs arthriques).
Infusion:
- Infuser 5 g de feuilles et fleurs séchées 15 mn dans 150 ml d’eau bouillante. Filtrer. Boire 3 fois par jour (rhumatismes, problèmes diurétiques) ou appliquer sur la peau avec un coton imbibé (eczéma, acné, herpès, plaies)
Esprit d’ortie :
- Distillat de feuilles, fleurs et tige dans 50% d’alcool. Badigeonner les parties atteintes plusieurs fois par jour ou utiliser en compresses (hémorroïdes, entorses, sciatique).
Suc :
– Extraire le suc de la plante fraîche avec un presse-ail. Diluer dans un peu d’eau (en gargarisme pour les aphtes, les amygdalites, sur un coton imbibé pour les saignements de nez).
Lire : Les secrets de l’ortie de Bernard Bertrand aux Editions de Terran
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