Peu répandue, la méthode des huiles solarisées remonte à une antique tradition associant le pouvoir des plantes à l’énergie de vie du soleil. En résulte une préparation médicinale particulièrement active et facile à préparer. Tous les conseils pour vous lancer !
Peut-être avez-vous déjà aperçu au détour des allées d’un jardin médicinal d’étranges pots remplis de fleurs et de végétaux, offerts aux rayons du soleil, baignant dans un bain d’huile aux couleurs chatoyantes… Évoquant les anciennes potions d’apothicaires, et issus d’une longue tradition, ces macérats ou huiles solarisées sont encore aujourd’hui préparés par quelques amateurs, et commercialisés par des fabricants passionnés. Le plus connu d’entre eux est certainement celui de fleurs de millepertuis, dont la couleur rouge s’intensifie au fur et à mesure de son exposition au soleil. Les huiles solarisées peuvent cependant être préparées avec toutes les variétés de plantes médicinales. Différentes parties sont utilisées : rhizomes, feuilles, pulpe et semences. La faveur revient cependant aux fleurs, et en particulier à celles de la Saint-Jean. Outre le millepertuis, leur emblème, l’armoise, l’achillée millefeuille, la verveine officinale ou encore la sauge officinale, atteignent également leur maturité florale au moment du solstice d’été, présentant ainsi une affinité particulière avec l’astre solaire.
Difficile de retracer précisément l’origine des macérats solarisés… « Il semblerait que cette tradition remonte à l’Égypte ancienne, qui utilisait abondamment des macérations de plantes et les exposait aux rayons du soleil, appelé Râ, lequel était considéré comme une divinité source de toute vie. Cette solarisation avait selon eux des vertus physiques et spirituelles. Cette méthode existait aussi en Chine, et est également mentionnée par sainte Hildegarde de Bingen, au Moyen Âge. Peu développée jusqu’à nos jours, cette méthode a dû être utilisée par des guérisseurs et autres sorcières des campagnes qui prêtaient à l’exposition aux rayons solaires des propriétés magiques », estime Claudine Luu, docteur en pharmacie et auteur de l’ouvrage de référence sur le sujet « Les huiles de fleurs Solarisées » (éd. Dangles, 2013).
Des propriétés énergétiques grâce au soleil
Ainsi, loin d’oxyder ou de rancir l’huile, à condition de respecter les règles de fabrication (voir ci-après), l’exposition au soleil potentialiserait au contraire le macérat. En effet, la chaleur générée par l’exposition aux rayons permet la « digestion » des plantes, c’est-à-dire la libération de ses principes actifs. Ainsi, pour le millepertuis, au fur et à mesure de la solarisation, les anthocyanes, pigments de couleur rouge conférant à la plante ses propriétés médicinales, se dissolvent dans la préparation. Autre effet plus subtil de la solarisation : le macérat se charge en photons, quanta d’énergie lumineuse associés aux ondes électromagnétiques qui agissent comme une sorte de nourriture énergétique du vivant. « L’huile capte les vibrations de la plante, mais se gorge aussi de l’énergie lumineuse du soleil. Elle est ainsi doublement chargée. Cela lui confère des propriétés énergétiques que l’on ne peut pas évaluer scientifiquement, mais que l’on observe dans la pratique. Les macérats solarisés sont beaucoup plus efficaces quant à leurs propriétés médicinales », remarque Claudine Luu.
« Fabriquer un macérat est une des activités les plus gratifiantes que je connaisse », écrit le spécialiste des plantes Christophe Bernard sur son blog Althea Provence, qui évoque dans un article la technique de la solarisation. Facile, la préparation exige peu de manipulations tout en demandant de suivre quelques règles simples.
Faites-le vous-même
La méthode consiste à disposer dans un bocal en verre transparent et limpide les parties de plantes choisies, que l’on aura préalablement laissé sécher dans un endroit aéré pendant deux à trois jours. Il est important selon Claudine Luu de ne pas couper les végétaux, surtout les fleurs, afin de garder intacte leur « énergie ». On recouvre ensuite largement les plantes de l’huile végétale choisie en fonction de ses propriétés, les plus utilisées étant celles d’olive et de tournesol. Le bocal est ensuite fermé, puis exposé en plein soleil, par exemple sur un muret, afin d’être exposé sur toutes ses faces aux rayons au cours de la journée. Le temps de solarisation dure trois semaines. En cas de temps pluvieux ou couvert, on rajoute autant de jours pour arriver au total de 21 jours de soleil. Ultime recommandation : protéger le macérat des rayons de la pleine lune, ceux-ci pouvant « décharger » la préparation en énergie solaire. Pour ce faire, la veille, le jour et le lendemain de la pleine lune, on protège le bocal avec une étoffe noire. Dernière étape, on filtre la préparation en pressant fortement les plantes à travers un tissu en coton. Afin de stabiliser la préparation et éviter son oxydation, rajouter quelques gouttes d’huile essentielle de lavandin grosso, ou de romarin à camphre (15 gouttes pour 100 ml d’huile solarisée).
Quelques exemples d’utilisation
Une huile solarisée peut être utilisée toute l’année en compresses, massages, frictions. Cicatrisante et anti-inflammatoire, celle des sommités fleuries de millepertuis est souveraine pour soulager les coups de soleil, plaies, brûlures, crevasses et gerçures. Elle a aussi un effet sur l’humeur et la régulation du sommeil. Celle d’armoise, dont on utilise fleurs et feuilles pour la macération solarisée, guérit les mycoses en application locale et soulage les douleurs de règles en massage sur le ventre. Œstrogène-like, celle de sauge officinale est également indiquée pour soulager les troubles des cycles menstruels et les bouffées de chaleur de la ménopause. Bonne à tout faire, elle soulage aussi les aphtes en bain de bouche, calme les prurits et la douleur en application sur les piqûres et morsures, et a un effet tonifiant et rééquilibrant en massage du corps. L’huile solarisée des sommités fleuries d’achillée millefeuille est un bon tonique veineux, à utiliser quand on souffre d’hémorroïdes, et est efficace sur la couperose en compresses. Abondante dans les champs et au bord des chemins, la verveine officinale – sans odeur, à ne pas confondre avec la verveine citronnée –, permet d’apaiser la tension nerveuse en massage sur la colonne vertébrale, les épaules et le plexus solaire. On utilise pour cela la plante entière fleurie en macération. Pensez enfin à conserver vos macérats dans un endroit frais et à l’abri de la lumière… En effet, une fois solarisées, ces huiles médicinales qui ont fait le plein d’énergie sont mises au « repos » afin de garder intactes toutes leurs propriétés !
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