Réaliser des teintures végétales sur tissus

Jusqu’au XIXe siècle, les colorants textiles étaient d’origine végétale. Aujourd’hui, les teintures industrielles contiennent des substances toxiques, notamment des perturbateurs endocriniens. Pourquoi ne pas redonner un second souffle à vos textiles en réalisant une teinture végétale maison ? Pour cela, il est primordial que vos tissus soient en coton, lin, soie, ou laine. Le procédé est long, idéal quand on a du temps devant soi !

Ingrédients :

• De la poudre d’alun, ou du vinaigre blanc
•  Végétaux.

Matériel :

• Une grande casserole (préférez un vieux faitout, il risque d’être marqué par la coloration)
• Une balance
• Une cuillère en bois.

1. Le mordançage

Qu’est-ce que le mordançage ?

C’est une étape préalable à la teinture végétale, nécessaire dans la plupart des cas pour que la teinture se fixe et soit solide aux lavages et à la lumière. Le mordançage créée un pont chimique entre la fibre et la teinture, car la teinture seule n’est  pas toujours apte à se fixer sur la fibre.

Cependant, certaines teintures végétales sont dites « substantives » lorsque le mordançage n’est pas nécessaire à leur tenue. C’est le cas de l’indigo et du pastel, du curcuma, du rocou, de la carthame, de la cochenille, des pelures d’oignons, et de toutes les teintures végétales taniques (cachou, noix de galle, écorces). A noter que l’indigo et le pastel sont deux teintures dites « à la cuve » qui nécessitent un processus particulier pour teindre.

Les mordants

1. Alun (sulfate double d’aluminium et de potassium) : c’est  le plus courant, celui qui modifie le moins la couleur finale. Il s’utilise seul, ou bien en association avec la crème de tartre (bitartrate de potassium). La crème de tartre est un sous produit naturel issu de la vinification. Utilisé seul, l’alun ne donnera pas exactement les mêmes résultats que combiné à la crème de tartre. Dans le deuxième cas, les teintes seront plus vives et soutenues, l’hypothèse étant que la crème de tartre convertirait une partie de l’alun en tartrate d’alumine, qui se combinerait avec les fibres plus facilement que l’alun.

L’alun s’utilise à raison de 10 à 20 % par rapport au poids de fibre à teindre (si vous devez teindre 100 grammes de fibres sèches, utilisez 10 grammes d’alun). Associé à la crème de tartre, 10% d’alun et 6 % de crème de tartre conviennent. La plupart du temps, 10% d’alun sont suffisants pour obtenir de bons résultats de teinture, mais le campêche en particulier nécessite 20% pour une meilleure tenue à la lumière et aux lavages. Les fibres végétales ont également besoin d’être mordancées avec 20% d’alun.

1.  Remplissez une grande casserole d’eau et ajoutez la poudre d’alun (10 % du poids du textile à teindre) • Placez le tissu dedans et faire bouillir pendant 1 heure • Laissez refroidir, puis rincez le linge.
2. Préparation de la teinture Hachez ou pilez les végétaux choisis, environ 100 g de végétaux pour 1 l d’eau • Placez les végétaux dans la casserole et remplir d’eau • Faites bouillir pendant 1 heure ou jusqu’à obtention de la teinte voulue • Filtrez et laissez reposer.
3. Coloration du textile Placez le tissu dans la ­casserole avec l’eau de teinture • Portez à ébullition et ­laisser mijoter 1 heure en remuant pour une teinte ­homogène • Laissez macérer hors du feu. La durée dépend de l’intensité de couleur recherchée • Retirez le linge et rincez à l’eau froide • Essorez et faites sécher à l’air libre.

Choisir la couleur :

• Rose ou violet : peaux et noyaux d’avocats, cassis
• Bleu : myrtilles, fleurs de lavande
•  Rouge ou rose : raisin rouge, fleurs d’hibiscus, dahlia
• Vert : épinards, feuilles de sureau, thym
• Jaune ou orange : curcuma, pelures d’oignons, fleurs de pissenlit
• Beige : thé, pomme de pin.

Conseil : 

Une fois colorés, ces linges doivent être entretenus avec une lessive douce, et si possible ne pas être exposés au soleil lorsqu’ils sèchent, car la lumière dégrade la couleur.